Pour les Roms, rien de changé après l’intervention de François Hollande MRAP
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Pour les Roms, rien de changé après l’intervention de François Hollande
Interrogé sur la question des Roms lors de son interview sur TF1 dimanche soir, le Président de la République qui avait pourtant affirmé lorsqu’il était candidat qu’on ne peut pas continuer à accepter que des familles soient chassées d’un endroit sans solution, ne s’est pas exprimé sur la campagne de destruction des lieux de vie en cours actuellement.
« Il faut reloger ou reconduire » : si une circulaire interministérielle demande aux Préfets de rechercher des solutions de relogement, ou de réinstallation des personnes évacuées, dans la pratique, aucune des très nombreuses destructions de lieux de vie qui ont eu lieu récemment n’a été suivie de relogement. On peut donc penser que « reconduire » aura la préférence du Ministre de l’Intérieur et des Préfets. D’autant plus que le problème devrait selon François Hollande être traité « à la source », en Roumanie. Des fonds FEDER destinés à la lutte contre les discriminations qui frappent les Roms en Roumanie, et pour leur permettre l’accès aux droits , ont été débloqués par l’Union Européenne. Pour quels résultats ? Les difficultés subsistent, et ne seront pas résolues en peu de temps. La liberté de circulation dans l’Union européenne est la loi. Les citoyens européens reconduits à la frontière retrouvent les mêmes difficultés, et reviennent, encore plus pauvres.
Évoquer la présence d’une population victime de discriminations dans son pays d’origine comme un problème pour la France et les Français sans envisager de tout mettre en oeuvre pour remédier à sa pauvreté, renforce les préjugés selon lesquels les personnes elles-mêmes seraient responsables de leur situation et que leurs conditions de vie déplorables, seraient l’effet de traits culturels… Cela revient à opposer les habitants des bidonvilles et leurs voisins, à semer la division entre les citoyens.
De fait, malgré ses déclarations précédentes, François Hollande n’a rien dit de l’une des causes majeures de la pauvreté des Roms en France et de leur installation dans des bidonvilles : les mesures transitoires qui privent les ressortissants roumains et bulgares de l’accès au travail. La circulaire interministérielle prévoit un accès plus facile, mais requérant toujours une démarche administrative longue et aléatoire. Ces “mesures transitoires” constituent une véritable discrimination, dont la Commission européenne a démontré l’inutilité économique. Y mettre fin, ce serait permettre à nombre des occupants des bidonvilles de trouver un emploi, d’entamer une formation professionnelle, et en conséquence de se loger dignement dans un avenir plus ou moins proche. Avec un accompagnement social conséquent, les familles roms accéderaient ainsi au droit commun, ce qui serait la meilleure façon de lutter contre les réseaux mafieux qui exploitent leur misère alors que l’immense majorité des familles ne souhaitent que vivre et travailler comme tout un chacun.
Paris, le 10 septembre 2012.